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Santé nutrition

Les cas de ciguatera augmentent en Europe

Les empoisonnements par cette toxine augmentent en Europe, alertent des chercheurs allemands. Le réchauffement climatique pourrait augmenter l’aire de répartition des micro-algues porteuses de ciguatera.

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un vivaneau

La toxine contamine plus particulièrement certains poissons comme le vivaneau.

Andrew Pender

CHAÎNE ALIMENTAIRE. L’Institut allemand pour l’évaluation des risques vient de diffuser une note d’avertissement : les cas de ciguatera sont de plus en plus fréquents en Europe. Cette intoxication n’est plus seulement courante dans les pays de la ceinture tropicale. Le réchauffement climatique pourrait être à l’origine de la remontée des micro-algues responsables de cette affection. La ciguatera est l’intoxication liée à la consommation de poissons la plus fréquente au monde avec 10 000 à 50 000 cas rapportés tous les ans.

La toxine voyage au sein de micro-algues unicellulaires benthiques du genre Gembierdiscus inféodées aux eaux chaudes coralliennes. Ces organismes se déposent sur des macro-algues où elles sont broutées par les poissons herbivores. Les teneurs se concentrent ensuite tout au long de la chaîne alimentaire pour atteindre les seuils de toxicité chez les carnivores. Certaines espèces comme les diodons, la carangue jaune, le barracuda bégune ou la grande sériole sont les espèces considérées comme les plus à risque. Parmi les espèces commerciales prisées, les vivaneaux, les pagres et les vieilles sont très contaminants.

Une présence plus fréquente dans les eaux subtropicales

VIGILANCE. Gembierdiscus a été repéré dès 2004 aux Canaries et dans l’archipel de Madère sur des sérioles, et sa présence est avérée en Méditerranée depuis une dizaine d’années. La ciguatera provoque des nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées ainsi que des troubles de la sensibilité comme l’inversion de la sensibilité froid/chaud. Elle peut également s’accompagner de douleurs articulaires et de fortes démangeaisons. La toxine n’est pas mortelle, mais il n’existe aucun traitement, et l’organisme peut mettre parfois des mois à se rétablir. Dans les îles du Pacifique, des individus peuvent être victimes de six ou sept intoxications au cours leur vie. Dans ces zones, on constate des changements d’habitude alimentaires, les habitants préférant se tourner vers le poulet alors que pendant des siècles, l’alimentation carnée était puisée directement dans les lagons.

L’institut allemand appelle donc à la vigilance. Les symptômes de la maladie peuvent être attribués à des causes diverses et la ciguatera est donc assez peu souvent diagnostiquée, d’autant plus que le consommateur ne peut pas se fier à des signes visibles d’une contamination. La toxine est en effet sans couleur, sans odeur, sans goût et résiste à de hautes températures, si bien qu’elle n’est pas éliminée lors de la cuisson du poisson. Les teneurs en toxines sont très faibles et exigent des moyens de détection très pointus. Il n’existe pas non plus de méthode analytique permettant de repérer les poissons infectés. Pour mieux cerner l’importance des intoxications, les chercheurs européens se sont donc regroupés dans le programme EuroCigua dont la principale tâche est d'identifier les cas d’intoxication.

La France est principalement concernée par ses départements d’outre-mer. Si la maladie est peu fréquente à La Réunion, elle nécessite des mesures d’avertissement et de précaution dans les Caraïbes. Les cas sont bien plus nombreux dans les cinq archipels de Polynésie. Des cas importés ont par ailleurs été constatés. Des personnes sont tombées malades en consommant des poissons qu’elles avaient rapportés de voyages dans les Caraïbes. Les spécialistes de maladies tropicales déconseillent d’ailleurs de rentrer en France avec des poissons tropicaux à consommer.

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