Accident d’ambulance en Estrie: la patiente transportée d’urgence était une future maman en plein travail
Malgré l’urgence, elle fut envoyée à Sherbrooke plutôt qu’à Montréal
L’ambulance ayant fait une grave sortie de route, dimanche, à Eastman, se dirigerait vers Sherbrooke pour y mener d’urgence une jeune femme enceinte en plein travail prématuré ainsi qu’une infirmière de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui repose toujours dans un état critique.
Le véhicule préhospitalier appartenant à l’entreprise Demers a quitté l’hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu un peu avant 17h. À la suite d’une demande des médecins traitants, deux ambulanciers paramédicaux ont fait monter à bord une patiente enceinte de 29 semaines qui devait subir un transfert d’urgence en raison d’un travail hâtif. Une infirmière clinicienne de Saint-Jean-sur-Richelieu spécialisée en néonatalité l’accompagnait.
Pour les patientes de la région de Montréal, seuls cinq hôpitaux sont qualifiés pour mettre au monde des bébés ayant moins de 32 semaines de gestation: le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, l’hôpital de Montréal pour enfants, l’hôpital général Juif, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’hôpital Fleurimont de Sherbrooke.
À Sherbrooke plutôt qu’à Montréal
C’est à ce dernier que la future maman de 22 ans a été envoyée, malgré le fait qu’elle aurait préféré rester près de chez elle.
«Ils ont demandé d’aller à Montréal, mais apparemment, il n’y avait plus de place, raconte sa sœur, dont nous tairons l’identité afin de protéger celle de la nouvelle maman. Dans l’urgence, ils ne se sont pas trop obstinés.»
Or, après vérifications auprès de sources, les unités d’obstétrique de l’île de Montréal habilitées à réaliser ce type d’accouchement à risque ne subissaient aucun débordement dimanche.
Le transfert vers Sherbrooke est plutôt dû à une simple procédure, qui prévoit que le centre dédié aux patientes de Saint-Jean-sur-Richelieu est celui de Sherbrooke. Autrement dit, même si la patiente était en travail actif, on a tout de même préféré l’envoyer dans un hôpital à une centaine de kilomètres plus loin que les centres montréalais.
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Appelé à réagir à cette procédure qui semble défier la logique, le syndicat des infirmières de la Montérégie-Centre s’expliquait mal la décision.
«On ne comprend pas nous-mêmes, dit le président Denis Grondin. Ce sont des questions qu’on va poser nous aussi à l’employeur.»
Une fois sur l’autoroute 10, à la hauteur d’Eastman, l’ambulance a fait une grave sortie de route. Le véhicule s’est renversé sur le côté et est entré en violente collision avec une paroi rocheuse.
«L’hypothèse privilégiée pour le moment est celle que la sortie de route fut causée par la chaussée glacée à cet endroit», indique la sergente Audrey-Anne Bilodeau, porte-parole de la Sûreté du Québec.
À l’arrivée des premiers répondants, l’infirmière clinicienne de 23 ans était inconsciente. Elle a été conduite à l’hôpital, où elle repose toujours dans un état critique. Celle qui a obtenu son diplôme en 2020 fut placée dans un coma artificiel et demeurera hospitalisée pendant au moins un mois.
Comme elle était bien attachée à une civière, la patiente n’a pour sa part subi que de légères blessures. Elle a accouché d’un petit garçon vers 22h à Sherbrooke. Les deux se portent bien, confirme la sœur de la maman.
Les deux ambulanciers paramédicaux ont également été blessés, mais on n’a jamais craint pour leur vie.
«Microclimat»
Selon le directeur des pompiers d’Eastman, l’endroit précis où la collision est survenue est l’un des plus meurtriers du secteur. Ce tronçon de l’autoroute 10 se trouve entre les monts Orford et Chagnon, causant ainsi ce que les habitants du secteur appellent un «microclimat».
«C’est l’endroit le plus dangereux de l’autoroute, dit Daniel Lefebvre. Il y a un gros courant d’air alors c’est toujours glacé. Les gens qui ne connaissent pas le coin ont souvent des accidents. On doit en avoir une soixantaine par année juste à cet endroit-là.»
– Avec Héloïse Archambault
