LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE L'AMITIÉ

À TRAVERS LES PARTIDAS D'ALPHONSE X

ET LE DROIT MÉDIÉVAL1

Les Partidas d'Alphonse X constituent un des rares textes juridiques médiévaux espagnols où le concept d'amitié fait l'objet d'une réflexion à part entière. À partir de la paraphrase du livre VIII de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote, les collaborateurs anonymes d'Alphonse X — que nous appellerons ici, pour des raisons de como- dité, «Alphonse» — mettent en place ce qui est la première doctrine juridique hispanique au sujet de l'amitié. Dans quelle mesure un projet d'une telle nouveauté va-t-il à l'encontre des pratiques juridiques et des discours précédents au sujet de l'amitié?

Dès lors, il faut sans doute comprendre la raison d'être de cette nouvelle théorie de l'amitié en essayant de voir comment elle s'intègre au projet général des Partidas. Est-il encore possible, alors, de rester fidèle à la source aristotélicienne que le législateur prétend suivre? Le recours à la pensée antique n'est-il pas plutôt le moyen ou le prétexte pour mettre en place une conception de l'amitié avec des implications politiques extrêmement ciblées?