Dans la tête de Noëlle, 50 ans, alcoolique abstinente : « L’ivresse anesthésie la peur »
Alors que le mois sans alcool touche à sa fin, Noëlle, 50 ans, raconte comment elle est tombée dans l’enfer de l’addiction, détruisant tout autour d’elle.
Un SMS s’affiche. « Je suis au Vin Cœur. Bien nommé pour parler d’abstinence, n’est-ce pas ! » La coïncidence est à propos. Sur la chic avenue Carnot, face à l’Arc de Triomphe, on passe en souriant l’entrée du café. À l’intérieur, sur une table, un thé fume. Noëlle (le prénom a été changé) nous fait signe. Coupe à la garçonne, yeux verts pétillants, petit chien adorable à ses pieds, l’architecte paysagiste de 50 ans s’annonce : « Je suis alcoolique abstinente. » On comprend vite que la contradiction n’est qu’illusoire lorsqu’elle dépeint la sournoiserie de cette maladie qui se combat à vie. De toutes ses forces, jour après jour, d’apéros en dîners. La guérison, toujours en cours, reste une quête.
Sa dernière goutte a beau remonter à trois ans, il y a quelques jours encore, dans une épicerie fine, Noëlle a flashé sur une élégante bouteille de whisky irlandais. « Je savais qu’au lieu de la déguster, je la descendrai. » Elle a ignoré dignement le nectar. Mais la tentation est partout, insidieuse. Pour éviter d’y céder, il faut se rappeler la violence de la chute. « Cela me permet de savoir où je ne veux pas retourner. »