Plus de 5.500 ménages sont sur une liste d’attente pour obtenir un logement abordable auprès du FDL. (Photo: Shutterstock)

Plus de 5.500 ménages sont sur une liste d’attente pour obtenir un logement abordable auprès du FDL. (Photo: Shutterstock)

Âge, revenus, situation familiale… En pleine crise de l’habitat, le think tank Improof, affilié à la CSL, publie une étude dressant le portrait-robot des ménages locataires d’un logement abordable dans le pays.

L’art du timing. Au lendemain de l’annonce par le Premier ministre, (CSV), de l’imminence d’un plan d’action en faveur du logement, Improof, une plateforme de réflexion de la Chambre des salariés (CSL), a publié ce mercredi 24 janvier une étude consacrée aux ménages locataires (ou candidats à l’être) d’un logement abordable au Luxembourg.

S’inscrivant à la suite de la «stratégie nationale visant à augmenter massivement et durablement le parc de logements publics abordables par la nouvelle loi du 7 août 2023», l’enquête d’Improof exploite les données des trois organismes que sont le Fonds du logement (FDL), la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) et la Fondation pour l’accès au logement (FAL). En résulte une sorte de portrait-robot du locataire ou futur locataire. Portrait-robot à nuancer en fonction du public de chaque organisme.

50 ans et plus…

Pour les ménages disposant déjà d’un logement dit «abordable», note ainsi Improof, la répartition entre hommes et femmes varie sensiblement, «avec environ 45% de locataires masculins à la FAL et au FDL, mais plus de 78% à la SNHBM». Pour les ménages locataires du marché privé, «la répartition selon le genre se trouve au milieu», avec 64% d’hommes dits «chefs de ménage».

Mêmes disparités lorsqu’on s’intéresse à l’âge des occupants. Ceux accompagnés par la SNHBM et le FDL sont «en moyenne plus âgés (respectivement 50,5 ans et 56,1 ans) que ceux du marché privé (46,2 ans)». À la FAL, à l’inverse, ils sont plus jeunes (42,9 ans).

La familles nombreuses «surreprésentées»

Pas de surprise concernant la composition de ces ménages: trois à cinq fois plus nombreuses que sur le marché privé, «les familles monoparentales sont surreprésentées» dans le logement social. Elles représentent environ un quart des dossiers du FDL (22,3%) et de la FAL (27,1%), et plus d’un tiers de ceux du SNHBM (34,5%), contre 6,5% des locataires privés.

«Les familles nombreuses (c’est-à-dire les couples avec au moins deux enfants) sont également proportionnellement plus nombreuses», entre 17,2% et 27,5% selon les organismes, contre 10,5% des locataires privés.

De même, «les ménages locataires sociaux comportent en moyenne plus de personnes en leur sein, en particulier à la FAL», où les ménages de cinq personnes et plus pèsent pour plus d’un tiers des dossiers (34,6%). Alors qu’ils ne représentent que 3,4% des locataires privés.

Des revenus en retrait

Question revenus, «les locataires sociaux sont plus concentrés dans l’échelle inférieure des revenus tandis que les locataires privés affichent une courbe beaucoup plus étalée», résume le think tank de la CSL, qui observe que «le revenu disponible [des locataires sociaux se situe] en dessous du revenu disponible médian des locataires du secteur libre».

Distribution des revenus disponibles nets mensuels en fonction du statut d’occupation. (Graphique: Improof/Sources: fichiers 2022 de la FAL, SNHBM et FDL; EU-SILC 2019)

Distribution des revenus disponibles nets mensuels en fonction du statut d’occupation. (Graphique: Improof/Sources: fichiers 2022 de la FAL, SNHBM et FDL; EU-SILC 2019)

Quant au taux d’effort (soit le rapport entre la somme des dépenses liées au logement et les revenus), il ne dépasse pas 27 % en moyenne pour les ménages occupant un logement social, contre «37,3 % en 2019, voire 50 % pour les plus vulnérables» sur le marché privé.

Sur la répartition géographique, enfin, Improof souligne que si la SNHBM totalise 70,3% de locataires dans le centre du pays, le FDL enregistre une concentration plus importante dans le sud (51%), tandis que «la FAL possède des logements répartis dans tout le pays, avec une présence un peu plus élevée dans le sud (39,9%) et le centre (27,9%)».

Trois ans d’attente en moyenne

Preuve d’une demande en forte augmentation, un peu plus de 5.500 ménages (soit plus de 15.400 individus, selon Improof) patientent sur une liste d’attente pour obtenir, auprès du FDL, un logement social, soit plus de 40% de hausse par rapport à 2021. Ces chiffres datent de mars dernier. «En moyenne, la durée d’attente sur cette liste est d’un peu moins de trois ans (2,9 ans)», est-il précisé.

«Ces ménages avaient un revenu mensuel de 1.695 euros» et presque quatre sur dix dédiaient plus de 30% de leurs revenus au paiement du loyer lorsqu’ils ont effectué leur demande.

Des mesures d’ici mi-février

Pour répondre aux tensions sur le logement, dont une conséquence a été le placement, ce mercredi 24 janvier, du secteur de la construction en «état de crise», Luc Frieden avait indiqué, la veille, avoir demandé à (CSV) et (DP), respectivement ministres des Finances et du Logement, «d’accélérer leurs travaux» afin de dévoiler dans les deux ou trois prochaines semaines un paquet de mesures «détaillées».

Celles-ci prendront la forme d’«incitations fiscales pour ceux qui veulent investir dans la pierre afin de mettre à disposition des logements en location». Ce seront aussi «des mesures de soutien pour ceux qui veulent acquérir ou louer des maisons». Le Premier ministre a précisé qu’elles s’adresseraient aux «personnes à faibles revenus».

Ultime élément de contexte: sur environ 250.000 ménages résidents, quasiment un tiers (31%) étaient locataires en 2019 (dernier chiffre connu). Une proportion plutôt stable depuis 2004 (27%).