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Greg Zlap « Pour faire le show, rien n’est ridicule ! »

L'harmoniciste de Johnny repart sur les routes avec un nouvel album

Par Cédric Vernet

Greg Zlap a été révélé au grand public grâce à sa présence aux côtés de Johnny Hallyday dont il devint l’harmoniciste en 2009. Mais c’est un harmoniciste à la – déjà – longue carrière depuis qu’il a fait ses armes au club Utopia en Paris à la fin des années 90. Pour célébrer ses 30 ans de scène, il s’offre un nouvel album intitulé « Acoustic Rock It », petit frère de « Rock It » sorti en 2020, et parcourt la France en tournée dans cette toute nouvelle formule.

Greg, revenons à la genèse de tes 30 années sur la scène, le club Utopia, c’est par là que tout a commencé ?

Ça me fait vraiment plaisir que tu évoques l’Utopia. C’est là où j’ai tout appris et c’est là où j’ai vu mon premier concert avec un harmoniciste, c’était Jean-Jacques Milteau et c’est un souvenir inoubliable !

Ce nouvel album célèbre 30 ans de scène. Quel regard portes tu sur ces années folles depuis ce moment où tu es arrivé en France à la fin des années 80 avec un harmonica soigneusement rangé dans ta valise ?

Lorsque je suis arrivé en France, je ne pensais pas que je deviendrai musicien en jouant de l’harmonica. C’est d’ailleurs une idée assez loufoque ! En venant à Paris, j’ai découvert la scène blues et pour moi c’était un vent de liberté. Après mon enfance passée derrière le mur de Berlin, c’était incroyable de vivre ces sensations et de pouvoir rencontrer les musiciens d’aussi près dans les clubs. Et puis, il y a eu cette première jam où j’ai réussi à vaincre ma timidité et je suis monté sur scène. C’était une grande émotion d’entendre les gens applaudir après mon solo. J’ai monté ensuite mes premiers groupes et petit à petit, je me suis rendu compte que ça y est, j’étais devenu un musicien ! Toujours aujourd’hui, après 30 ans de scène, j’ai toujours du mal à réaliser que, grâce à mon harmonica, je suis devenu musicien. Je suis comme un gamin quand je monte sur les planches.

Jouer avec Johnny Hallyday a été un tournant dans ta carrière, on se souvient tous du solo incroyable sur « Gabrielle », devant des milliers de personnes au pied de la tour Eiffel. Ce solo a une place toute particulière dans ton cœur ?

Ce qui est drôle c’est qu’en débarquant sur la première tournée, je ne connaissais pas du tout les chansons de Johnny ! On répétait à Los Angeles, c’était énorme. Un jour, j’entends Johnny dire aux musiciens qu’on allait jouer « Gabrielle » mais je ne connaissais pas la chanson. Et là Johnny me demande de faire un solo. Je me suis exécuté, on a joué le morceau, je me suis appliqué. Une fois le morceau fini, il est venu me voir et m’a dit « Dis donc Greg, tu ne vas quand même pas rester planté comme un piquet derrière ton micro quand on va faire le show ! ». Là j’ai eu un déclic ! Il ne me demandait pas seulement de jouer de l’harmonica, mais aussi de faire le show avec lui. Le soir du concert, j’ai donné le tout pour le tout sans peur du ridicule. J’ai dansé, j’ai couru dans tous les sens en jouant de l’harmonica. A la fin, Johnny a passé en revue les musiciens avec des remarques pour chacun. Arrivé devant moi il m’a dit « Greg ne change rien ». Ce solo de « Gabrielle » c’était vraiment le début de notre relation et ça a tout changé. D’une part, personne n’imaginait un harmonica dans un show de rock de cette envergure. D’autre part, c’était un déclic pour moi. Je me suis rendu compte alors que pour faire le show, rien n’est ridicule !

Sur ce nouvel album « Acoustic Rock It » on redécouvre certaines de tes chansons en version acoustique mais aussi des titres inédits, notamment « Crucified » que tu avais justement écrit pour Johnny. Quelle est l’histoire de cette chanson ?

J’étais inspiré par l’énergie des concerts de Johnny, par le don de soi qu’il offrait au public chaque soir. J’ai écrit cette chanson, très rock, et je lui ai envoyée. Un jour qu’on jouait à Paris je suis arrivé dans la loge, la porte était entrouverte et j’ai entendu la chanson « Crucified ». Johnny était en train de l’écouter en tapant du pied. Il trouvait la chanson superbe et voulait la chanter sur scène. J’ai repris cette chanson sur l’album « Rock It » en version électrique et sur cet album « Acoustic Rock It », elle devient une balade avec une guitare acoustique et une basse fretless, c’est plus bluesy, j’aime beaucoup cette version.

L’album « Acoustic Rock It » a été enregistré en public. Tu avais besoin de retrouver la chaleur du live après tous ces mois de pandémie où tu en as été privé ?

Oui, c’est vraiment l’album des retrouvailles avec le public. Après ces deux ans d’interdits où le spectacle vivant était à l’arrêt, on se rend compte aujourd’hui à quel point la musique est essentielle. J’ai donc voulu enregistrer l’album « Acoustic Rock It » en public dans le club mythique parisien « Le Sunset ». C’était une soirée unique où j’ai proposé aux musiciens du groupe de jouer avec des instruments acoustiques, ce qui a modifié notre jeu. On a enregistré l’album au cœur du public, c’est vraiment autre chose car on réagit dans l’instant et ça rend la musique plus vivante. Mais ce n’est pas un album live car on a fait ensuite un énorme travail de studio pour arriver à un son très qualitatif.

On te sait souvent engagé dans tes chansons, on pense notamment au titre Solidarnosc sur les manifestations que tu observais de la fenêtre de ta chambre en Pologne. Ta vision du monde tu la partages avec le titre « Sur la Lune » qui évoque la période de confinement… C’est ton nouveau cri de révolte ?

Oui, j’ai passé mon enfance sous un régime totalitaire, ce qui me rend particulièrement sensible à la notion de liberté. Lors de cette période de confinement, je me croyais vraiment sur la lune… J’étais terrorisé à chaque fois qu’il fallait produire un papier pour aller promener son chien dans le parc… Ce titre parle de cette période et de la nécessité de prendre du recul, de revenir sur terre. C’est un cri de colère mais c’est aussi un cri d’espoir. C’est un appel à se rassembler, à se retrouver. On a beaucoup de choses à faire sur terre et l’avenir sera très positif !

Sur cet album on peut entendre les notes jazzy du guitariste Manu Kodjia. Comment s’est faite cette nouvelle collaboration ?

Manu, c’est un guitariste de jazz qui m’impressionne depuis de longues années. Il a un univers sonore incroyable et c’est un improvisateur hors pair. Je l’avais déjà invité lors des fameuses jams du club Utopia. Sur un répertoire blues, j’ai été surpris de voir à quel point il était à l’aise. Je l’ai invité plus tard sur mon album « Rock It » et on a d’ailleurs coécrit ensemble le titre éponyme. Forcément, j’ai pensé à lui pour l’enregistrement de « Acoustic Rock It ». Et là j’ai découvert que, non seulement, c’est un excellent improvisateur mais il a créé des parties hallucinantes sur des morceaux pop comme le titre « Frères de son » que j’avais écrit avec Matthieu Chedid. Il a trouvé des riffs, des orchestrations magnifiques qui s’intègrent parfaitement dans les morceaux. C’est un nouveau groupe, un nouveau son qu’on peut entendre sur cet album.

Cet album te permet de te lancer dans une nouvelle grande tournée à travers la France dans cette nouvelle formule acoustique …

Oui, cette expérience m’a tellement plu que j’ai souhaité la transcrire sur scène pour monter une tournée. J’ai vraiment envie de revenir à la source, de pouvoir jouer n’importe où, sans artifice. J’ai conçu ce nouveau spectacle avec cette idée en tête. On charge le camion et on part sur les routes, c’est ça l’idée !


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